avril 2021

Le bien-être des aidants

Annie de Vivie  répond à nos questions sur le bien-être des aidants. On pense souvent au bien-être des personnes accompagnées mais très peu à celui des aidants, alors qu’il est primordial pour eux et pour les personnes qu’ils aident. 

Elle est fondatrice des sites d’information agevillage.com à destination des aidants de personnes âgées fragilisées) et agevillagepro.com, (site ressource pour les professionnels de la gérontologie).

Annie de Vivie est également l’auteur du guide « J’aide mon parent à vieillir debout » chez Chronique sociale.

 

Ayant grandi dans une maison de retraite, j’ai compris l’importance d’adapter notre société à son vieillissement, pour vieillir debout, jusqu’au bout, malgré tout.

Prendre soin de son corps, de sa tête, de sa vie sociale et culturelle est-ce si important que cela quand on est aidant ?

Pour aider au long court, mieux vaut en effet vivre et vieillir debout.
Debout dans sa tête, dans son corps, dans la cité, avec les autres.
Debout jusqu’au bout, malgré tout.

Debout dans sa tête : en paix avec son choix d’aider, en lien avec les membres de la famille avec son proche directement concerné, quitte à aller chercher des aides sur le plan psychologique.
Debout dans sa tête : curieux, en mode projets, petits et grands selon ses envies, ses hobbies, ses loisirs favoris, son envie de se sentir utile.
Debout dans son corps en déployant les actions de prévention quotidiennes : bouger, bien manger, s’hydrater, ne pas fumer, bien dormir, prendre soin de ses 5 sens, limiter les médicaments, suivre ses vaccinations…
Debout dans la cité, avec les autres car nous sommes des êtres sociaux, interdépendants. Nous ne nous sentons exister que dans le regard des autres !

« … Impossible de prendre soin seul d’un proche qui se fragilise.  Il faut un village pour élever un enfant dit un dicton africain. Il faut aussi un village, il faut toute une communauté pour prendre soin d’un proche.! »

Comment trouver le temps de prendre soin de soi quand on prend soin d’un autre ?

Chacun va le définir et positionner dans son agenda (chaque jour, chaque semaine, chaque mois, chaque année), le temps dédié à ces choix.
Si ces choix entrent en conflit avec les engagements de l’aide : à chacun de poser les limites acceptables, avec le proche aidé, au sein du conseil de famille.
A partir de ces choix personnels, des moyens financiers disponibles, des aides auxquelles le proche a droit : le réseau d’aides sera activé.

Tout est question de priorité : Quelles sont vos grosses pierres à déposer au fond du seau de votre vie, sachant que les petits cailloux, le gravier, le flot continue du quotidien va s’y déverser ?
De quoi avez-vous vraiment besoin, vraiment envie ? Qu’est-ce qui fait sens pour vous ? Qu’est-ce qui donne le sel de votre existence ?

L’aidant va soutenir la vie quotidienne à domicile, la santé du proche, soutenir ses envies. Pour aider au long cours, il faudra prendre soin de sa propre santé (se soigner, se reposer, prendre des vacances) et donc recourir à des solutions adaptées comme des accueils de jour, de nuit, des hébergements temporaires, à plus long terme…

Pour tricoter votre réseau d’aides : faites appel aux services des mairies (CCAS : centre communal d’action sociale), aux services de conseil comme les Clic (centres locaux d’informations et coordination gérontologiques), les Maisons des Ainés et des Aidants…

L’annuaire d’Agevillage.com les référence tous et propose 30 000 solutions locales variées, mises à jour en continu, avec les avis des clients des maisons de retraite et la mise en valeur des structures labellisées Humanitude et engagées vers ce 1er label de bientraitance.

Quels conseils auriez-vous à donner à un aidant ou à un futur aidant ?

  1. Changer de lunettes sur le vieillissement. Chaque citoyen qui avance en âge reste doté de droits et de devoirs, comme vous et moi. Prenons garde à l’âgisme : ce rejet, cette discrimination liée à l’âge. Mettons en œuvre les conseils de prévention pour renforcer la robustesse, l’indépendance et regardons les signaux d’alertes pour y faire face ensemble, sans infantiliser.
  2. Oser parler d’argent : poser sur la table les ressources, les aides financières disponibles, la mobilisation du patrimoine, les , voire des petits-enfants selon les départements. Pour anticiper qui sera l’éventuel curateur ou tuteur : rédiger le mandat de protection future.
  1. Inviter vos proches à un « conseil de famille ». Y seront discutés et actés les différents sujets délicats avec la personne concernée : les questions d’argent, de logement (rester à la maison ? l’adapter ? déménager ?), l’organisation de l’aide à la vie quotidienne, à la santé, la réalisation des projets jusqu’au bout de la vie (directives anticipées, personne de confiance). En cas de conflits : faites appel à des médiateurs familiaux, certains se spécialisent en gérontologie.

Enfin interrogez-vous régulièrement sur le niveau de votre engagement en tant qu’aidant : vous convient-il ? Si non comment le réorganiser ? A-t-il des répercussions positives, négatives sur votre vie personnelle, professionnelle, sur votre santé ? 
Participez aux Cafés des aidants pour échanger entre pairs, partager les expériences, les astuces.
Les entreprises, mutuelles, caisses de retraite, collectivités locales déploient des plateformes de ressources, de conseils, de soutien psychologique.

Agevillage

Agevillage.com publie chaque semaine depuis 20 ans une newsletter avec les actualités et innovations nationales et locales pour aider à vieillir .Pour plus d’informations rendez-vous sur le site

D’autres articles sur la thématique des aidants sont disponibles sur le blog, dont l’interview  de Claudie Kulak,  fondatrice de la Compagnie des Aidants

Crédit photo : 
Photo par Photo by Georg Arthur Pflueger on Unsplash



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