Pour le Salon des Seniors, Véronique Dubois, Directrice communication de l’APEC revient sur les chiffres du Baromètres des intentions de recrutements et de mobilité et plus particulièrement sur les perspectives des seniors sur le marché de l’emploi dans ces temps de crises sanitaire et économique.
Tout d'abord, expliquez-nous quelles sont les missions de l'Apec ?
L’Apec, Association pour l’emploi des cadres, accompagne les cadres tout au long de leur parcours professionnel ainsi que les jeunes diplômé·e·s.
Elle conseille les entreprises en leur proposant des services pour optimiser leurs recrutements et la gestion de leurs compétences internes.
L’Apec anticipe les évolutions du marché de l’emploi cadre, en particulier en cette période de crise économique. Nous sommes un acteur du Conseil en Évolution Professionnelle (CÉP). Nous sommes présents en France métropolitaine et en Outre-mer avec une cinquantaine de centres.
Quel est l’impact de la crise sur les 50+ ?
Les conséquences économiques de la crise sanitaire touchent de plein fouet les plus de 50 ans, qui peuvent, en cette période, être davantage impactés et se sentir fragilisés.
Notre dernier baromètre* révèle que seules 24 % des entreprises, parmi celles qui envisagent une embauche en 2020, prévoient de recruter un·e cadre de plus de 20 ans d’expérience, contre 66 % pour un profil « 1 à 5 ans d’expérience ». En parallèle, les entreprises qui recherchent des compétences cadres estiment qu’elles auront du mal à recruter (6 entreprises sur 10 anticipent des difficultés). Elles devront donc revoir certains de leurs critères, et c’est l’une des missions de l’Apec de les y aider. En 2019, 56 % des embauches avaient déjà fait l’objet d’au moins un ajustement, le niveau d’expérience étant le critère le plus souvent assoupli. Ces ajustements peuvent favoriser une plus grande diversité de profils, et profiter aux cadres expérimentés et seniors.
« Se mobiliser pour les cadres seniors, fragilisés à l’aune de la crise »
Quel est l'état d'esprit des seniors face à cette crise ?
Les cadres seniors sont inquiets. Nous sommes particulièrement attentifs au sentiment d’inquiétude des cadres, légitime en cette période incertaine. Chez les plus de 55 ans, 1 cadre sur 3 se dit inquiet pour la sécurité de son emploi (vs 22 % des moins de 35 ans). 89 % pensent qu’il serait difficile de trouver un emploi équivalent à celui qu’ils occupent actuellement s’ils étaient amenés à le perdre. A l’Apec, nous nous mobilisons pour que, malgré la crise et le confinement, les recherches d’emploi, les projets de reconversion, de mobilité ou de formation continuent d’être accompagnés. D’autant plus que la crise n’a pas freiné les envies de changement : au contraire, elle a donné envie à 21 % des cadres de plus de 55 ans d’entamer une reconversion professionnelle.
Parmi les actions spécifiques mises en place, nous prévoyons par exemple d’étendre notre opération Talents Seniors, déjà expérimentée en Provence-Alpes-Côte d’Azur et dans les Hauts-de-France, à d’autres régions. Ce dispositif de mentoring met en relation un parrain ou une marraine et un cadre de plus de 50 ans en recherche d’emploi, afin de faciliter ses démarches, de renforcer son réseau et d’in fine de favoriser son retour à l’emploi. En outre, nos ateliers « Nouveaux horizons », à distance ou dans nos centres restés ouverts, font le plein. Ces ateliers ou webateliers permettent aux cadres, notamment aux demandeurs d’emploi longue durée (dont 1 sur 2 a plus de 50 ans), de (re) définir un projet professionnel convaincant, prendre de la hauteur et de se préparer à parler aux recruteurs.
Quelques chiffres*
- 48 % des cadres de 55 ans et plus ont déjà eu recours au service de l’Apec
- 51 % des cadres de 55 ans et plus ont l’intention d’avoir recours aux services de l’Apec
- 65 % des cadres de 55 ans et plus sont prêts à changer de secteur d’activité s’ils étaient amenées à perdre leur emploi ou si leur recherche d’emploi devait durer
- 65 % des cadres de 55 ans et plus sont prêts à reprendre une formation s’ils étaient amenées à perdre leur emploi ou si leur recherche d’emploi devait durer
- 60 % des cadres de 55 ans et plus sont prêts à accepter une baisse de salaire s’ils étaient amenés à perdre leur emploi ou si leur recherche d’emploi devait durer
*Si vous souhaitez plus d’informations, retrouvez ici l’intégralité du Baromètre des intentions de recrutement et de mobilité des cadres – Baromètre du 4e trimestre 2020.